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DESCRIPTION DE TEMBOCTOU.

geant au N.[1]. Les esclaves qui étaient à bord de l’embarcation vinrent aussi, de sorte que nous formions une caravane assez nombreuse ; on mit sur des ânes les esclaves les plus jeunes ; car la route est très-sablonneuse et très-fatigante. Près de Cabra, nous trouvâmes deux grandes mares, dont les bords sont couverts de quelques mimosas de cinq à six pieds de hauteur : à une certaine distance, on retrouve avec plaisir quelques traces de végétation. La moitié du chemin offre le même aspect ; l’autre partie de la route est plus découverte, et le sable, plus mouvant, ce qui rend la marche très-pénible. Pendant ce chemin, nous fûmes suivis par un Touarik monté sur un superbe cheval ; ce pillard, âgé d’environ cinquante ans, voulut s’emparer d’un jeune esclave nègre ; les gens de Sidi-Abdallahi Chebir, lui firent des représentations, en l’assurant que cet esclave appartenait à leur maître, et que si, en arrivant dans la ville, il allait le voir, il lui donnerait quelque chose : l’espoir d’un cadeau l’apaisa, et il cessa ses importunités. Cet homme me regardait beaucoup ; il demanda plusieurs fois aux gens qui m’accompagnaient qui j’étais et d’où je venais. Lorsqu’on lui

  1. Sidi Abdallahi Chebir était un habitant de Temboctou, auquel le chérif de Jenné avait recommandé M. Caillié. Cet homme hospitalier, averti par un négociant maure, avait envoyé ses esclaves à la rencontre de M. Caillié, avant même qu’il eût reçu la lettre de son correspondant. Les esclaves étaient bien habillés et armés de fusils fabriqués à Tunis.