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DESCRIPTION DE TEMBOCTOU.

Du haut de la tour, je découvrais, à une très-grande distance, une plaine immense de sable blanc, où il ne croît que des arbrisseaux rabougris, mimosa ferruginea ; quelques dunes ou buttes de sable, s’élevant çà et là, rompaient un peu l’uniformité du tableau. Je regardais avec étonnement cette ville que le besoin du commerce a fait élever dans un affreux désert, sans autres ressources que celles qu’elle se procure par les échanges. La partie O. de la mosquée me parut d’une construction très-ancienne ; toute la façade de ce côté est tombée en ruine ; on y remarque encore des arcades voûtées, dont le crépi est entièrement détaché. Cet édifice est construit en briques séchées au soleil, à peu près de la forme des nôtres. Les murs sont enduits d’un sable gros, semblable à celui dont sont faites les briques, mêlé avec de la glume de riz. Dans quelques parties du désert, on trouve une terre couleur de cendre, très-dure, où domine le sable ; c’est avec cette terre que les briques de la mosquée sont faites. Les autres parties de l’édifice paraissent avoir été bâties bien postérieurement aux ruines de l’ouest ; quoique l’ouvrage en soit fait assez bien pour un peuple qui ignore les règles de l’architecture, il est bien inférieur à la partie la plus ancienne.

Ce ne fut pas sans étonnement que je remarquai dans celle-ci trois galeries, soutenues par trois arcades chacune, aussi bien bâties que si elles avaient été construites par un homme de l’art : ces arcades ont six pieds de large et dix de hauteur ; leur en-