Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
289
DESCRIPTION DE TEMBOCTOU.

La maison qu’on m’avait donnée pour logement n’étant pas encore finie, j’eus occasion d’observer la manière de construire, des maçons du pays. On creuse dans la ville même ; à quelques pieds de profondeur, il s’y trouve un sable gris mêlé d’argile, avec lequel on fait des briques de forme ronde, qu’on met sécher au soleil ; ces briques sont semblables à celles de Jenné. De jeunes esclaves les portent sur leur tête, dans de mauvaises calebasses, ainsi que le mortier, fait de la même matière. Les maçons sont des esclaves ; ils travaillent avec autant d’intelligence qu’à Jenné ; je trouvais même que leurs murs étaient mieux soignés. Les portes sont bien faites et solides ; les vantaux sont en planches assemblées par des barres et des clous qui viennent de Tafilet ; on les ferme au moyen de serrures fabriquées dans le pays, et où il n’entre pas de fer : la clef même est en bois[1] ; cependant quelques Maures font usage de serrures en fer, qu’ils tirent des bords de la Méditerranée. Toutes ces serrures ne ferment pas dans l’intérieur, on y supplée par une chaîne ou une barre placée en dedans. Le toit des maisons, qui toutes n’ont qu’un rez-de-chaussée, est comme celui de la mosquée, soutenu par des poutres ; ces pièces de charpente sont en ronnier, arbre qui croît sur les bords du fleuve à une hauteur prodigieuse ; j’en ai vu dont l’élévation était de plus de 125 pieds ; on fend les troncs en quatre, puis on arrondit chaque partie

  1. Cet usage existe, comme on sait, en Égypte et en Nubie.