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LETTRES SUR L’INDE ANGLAISE.

pas moins prêts à entrer en ligne, ainsi qu’ils l’ont prouvé en Égypte, à Java, et à l’île Maurice.

Ils donnèrent en 1805, au siége de Bhurtpour, une preuve éclatante de leur courage chevaleresque. Le quatrième assaut venait d’être repoussé avec perte. Dans la cinquième et dernière attaque, un sergent, attaché comme ordonnance à lord Lake, lui demanda la permission d’aller joindre sa compagnie qui était sur le point de quitter la tranchée pour monter à l’assaut. Sa demande lui fut accordée. Le soldat joyeux, portant la main à son turban, s’écria : « Confiance, général ! Bhurtpour tombera aujourd’hui, ou vous ne me reverrez plus. » Les troupes s’ébranlèrent au pas de charge, et parvinrent à se loger sur les remparts, où flottèrent bientôt les couleurs anglaises. Des efforts prodigieux furent tentés pour conserver la position ; mais après avoir éprouvé une perte énorme, les Cipayes furent obligés de battre en retraite. Le sergent seul ne suivit pas ses compagnons. Au milieu des débris et des cadavres, il chargeait froidement son fusil, lorsque son officier blessé lui cria, au nom de Dieu, de se retirer. Le jeune homme se retourna vers lui : « Dites au général que vous m’avez laissé sur la brêche ; Bhurtpour n’est pas pris, il ne me reverra plus. » Il achevait à peine ces mots, qu’un coup de feu le renversa, et, quelques instans après, son cadavre était taillé en pièces par l’ennemi.

Hyder-Ali et les Français tentèrent fréquemment d’ébranler la fidélité des Cipayes, que les chances de la guerre avaient fait tomber entre leurs