Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
VOYAGE DANS LA MER DU SUD.

Il est nécessaire d’expliquer comment il se faisait qu’un assez grand nombre de matelots de diverses contrées du globe résidassent dans ces îles. Dans l’année 1808, un brick américain, venant de la rivière de la Plata, fit naufrage près d’une des Fidji ; il avait à bord 40,000 piastres d’Espagne. L’équipage parvint à se sauver dans les embarcations du bâtiment, et une partie gagna un navire américain qui était alors à l’ancre dans la baie de Myanboor, sur la côte de l’île du Sandal ; le reste se réfugia dans une île voisine, celle de Bow, avec une aussi grande quantié de piastres qu’il avait été possible d’en loger dans l’embarcation. Peu de temps après ce naufrage, plusieurs bâtimens anglais, indiens, américains et nouveaux-gallois, vinrent aux Fidji pour y charger du bois de sandal. Les bruits de l’existence d’une aussi grande quantité d’argent dans une de ces îles causèrent une vive tentation aux marins de ces bâtimens. Dans le dessein de s’enrichir, quelques-uns d’entre eux, avec les piastres qu’ils parvinrent à se procurer, achetèrent des armes à feu et de la poudre. Maîtres de ces objets, ils furent à même de rendre d’importans services au roi de Bow et à ses sujets, dans leurs guerres. Ils prirent des femmes parmi eux, et menèrent une vie agréable jusqu’à l’époque où leur insolence et leur cruauté poussèrent les naturels à en massacrer une partie. On verra bientôt quel sort cruel éprouvèrent les autres, en conséquence de la conduite du capitaine Robson.

Depuis notre arrivée jusqu’à la fin de mars, le