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VARIÉTÉS.

Durant ce temps de carnaval, il n’est aucune sorte de liberté qu’on ne se permette. Les satires, les sarcasmes et les pasquinades pleuvent contre les grands et même contre les princes de l’église. La police ferme les yeux là dessus, et elle a raison, d’autant plus que toutes ces plaisanteries ne vont pas plus loin que l’époque du carnaval, passé laquelle tout est oublié.

Rien de plus triste et de plus monotone que le séjour de notre ville pendant le carême ; mais la semaine sainte offre aux étrangers curieux, comme aux ames dévotes, un spectacle unique et vraiment admirable. De grandes et majestueuses cérémonies commencent le dimanche des Rameaux. Quelquefois le pape bénit ce jour-là les palmes, dans la chapelle Sixtine, et les distribue aux cardinaux et gens de marque qui assistent à l’office.

Les principales cérémonies ont lieu, le jeudi saint, après l’office du matin et la communion pascale générale. Le pape, accompagné des cardinaux, des évêques, des chefs d’ordre religieux et des officiers de sa maison, arrive à la chapelle Sixtine, où l’on célèbre aussi l’office du jour, après lequel le souverain pontife prend le Saint-Sacrement sur l’autel et le transporte processionnellement jusqu’à la chapelle Pauline, où il reste exposé jusqu’au lendemain. De là, il se rend sur le grand balcon, d’où il donne la bénédiction et l’absolution au peuple rassemblé en foule sur la place de Saint-Pierre ; il passe ensuite dans une des salles du Vatican où il lave les pieds à douze prêtres représentant les douze apôtres, après quoi il les sert lui-même avec les officiers de sa maison, dans la Cène qu’il leur donne. Le soir à vingt-quatre heures[1], les ténèbres sont chantées dans la chapelle Sixtine, ornée de loges et de draperies magnifiques. Il y a une foule considérable de personnes de qualité et d’étrangers qui viennent entendre le fameux Miserere de Leo et de Durante, exécuté en

  1. En Italie, les heures de la nuit sont censées faire partie du jour. Ainsi le jour a vingt-quatre heures.