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VARIÉTÉS.

III. — Mort du pape — Conclave — Nouveau pontife.


À la mort d’un successeur du prince des apôtres, il est difficile de se faire une idée de la physionomie que présente la ville sainte. Il faut y être né et avoir vu plusieurs circonstances semblables pour bien en juger. Vous croyez sans doute que toute la population est dans le désespoir, la tristesse et le deuil. Détrompez-vous ; rien de tout cela. D’abord le peuple Romain, quelque bon qu’ait été le défunt pape, quelles que soient les faveurs qu’il en ait reçues, espère toujours en recevoir davantage de son successeur, et d’ailleurs les cérémonies funèbres, le conclave, l’exaltation du nouveau pontife, sont des événemens qu’il attend avec impatience, dont il jouit avec empressement, et qui l’occupent tout entier (car comment s’occuper autrement à Rome).

En outre, les grands ne voient plus qu’un but, c’est celui de pouvoir faire placer un de leurs parens ou une de leurs créatures, soit sur le trône pontifical, soit dans quelque place élevée de l’administration. Aussi aucune ville, pas même votre Paris, ne présente dans l’interrègne, un spectacle plus vif, plus animé que la nôtre. L’intrigue marche de toutes parts au pas de charge ; les cours des palais et des hôtels sont remplies de voitures, les antichambres, de valets et de solliciteurs, les salons, de dames du haut parage, de grands seigneurs, d’évêques, de prélats, de chefs d’ordres. En un mot, depuis le cardinal jusqu’à l’humble franciscain, il n’est personne qui ne se mette ou qui ne soit mis en mouvement.

Tout ceci n’est que pour préluder, en attendant l’arrivée des princes de l’Église pour l’assemblée du conclave ; à fur et à mesure de leur arrivée à Rome, ils sont entourés, flattés, cajolés, sondés sur leurs dispositions, tournés et retournés