Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

Ils nous enlevèrent de la sorte une poèle à frire, des casseroles, des couteaux, la hache du coq, etc. ; un coup de fusil tiré en l’air ne produisit aucun effet sur eux. Je conçus quelques alarmes à raison de la petitesse du cutter que je commandais, parce que, de leurs pirogues, les sauvages n’avaient qu’une enjambée à faire pour monter à bord. Cependant en brandissant un sabre de cavalerie, et faisant avec cette arme une entaille sur une pièce de bois, je parvins à les effrayer. Ceux qui étaient sur le pont sautèrent dans l’eau à l’exception d’un seul qui venait de prendre notre boussole. Une des jeunes femmes des Fidji, concevant le danger auquel nous exposerait la perte de cet instrument, saisit le voleur d’une main à la gorge, et de l’autre aux parties sexuelles, le terrassa et l’eût certainement étranglé, si nous ne l’en eussions empêché. L’ordre fut bientôt rétabli ; et un des chefs vint à bord. Nous lui fîmes quelques présens consistant en quincaillerie, verroterie, etc. Notre canot ayant été mis à l’eau, je m’y embarquai avec Martin Bushart, le Lascar et le chef dont je viens de parler. En arrivant à terre, le chef débarqua et conduisit Burshart au roi de l’île, qui était assis à l’ombre de quelques cocotiers, mâchant du bétel. Martin fit à sa majesté quelques présens, et lui annonça, par signes, que lui, le Lascar, sa femme et d’autres individus venaient résider dans son île. Le roi parut satisfait, et Burshart revint à notre canot.

De retour à bord, Martin et le Lascar rassemblèrent leurs effets et les embarquèrent dans le ca-