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VOYAGE DANS LA MER DU SUD.

not avec la femme du premier. Les deux autres femmes ne voulurent pas quitter le navire et me supplièrent d’obtenir du capitaine Robson qu’il les conduisît dans un pays où il y eût des vaisseaux, afin qu’elles pussent espérer de retourner un jour dans leur patrie. Elles me représentèrent en outre que, si on les débarquait dans l’île voisine, elles courraient le risque d’être maltraitées, sinon tuées, et en second lieu qu’elles n’auraient jamais occasion de retourner aux Fidji.

J’en rendis compte au capitaine, qui me répondit : « Il faut qu’elles aillent à terre, parce que je n’ai pas le moyen de leur procurer un passage pour retourner dans leur pays. » Je lui dis alors qu’ayant séjourné dans l’île de Bow, pendant quatre mois, pour le service du navire, je prenais intérêt aux gens de cette île et que je me chargerais d’une de ces femmes jusqu’à ce qu’il se présentât une occasion pour son retour. Cette considération détermina le capitaine à garder une de ces malheureuses. Je repartis bientôt avec le canot et les personnes qui devaient résider dans l’île. En approchant du rivage, je le trouvai couvert d’une foule d’insulaires qui paraissaient dans une grande agitation, bien que je ne pusse démêler la cause de cette espèce de tumulte. Ils m’invitèrent à débarquer ; mais je refusai et leur fis entendre que je voulais qu’une de leurs pirogues vînt prendre les gens qui étaient dans mon canot. Il vint en effet une pirogue dans laquelle Martin Bushart, sa femme et le Lascar entrèrent, et qui les conduisit à terre. La seconde jeune femme des Fidji ne