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GÉOGRAPHIE.

long-temps forcé de reconnaître. Tantôt c’est un imprudent entraînement qui fait adopter sans discussion, ou tout au plus après un examen superficiel et incomplet, les notions nouvellement recueillies par les derniers voyageurs : on se hâte de substituer celles-ci aux données précédemment amassées, et les documens antérieurs, forcés de se plier, bon gré mal gré, aux déterminations plus récentes, ne sont employés que dans l’ordre inverse de leurs dates, sans acception de leur valeur relative. D’autres fois, au contraire, une préoccupation opposée conserve religieusement intactes les constructions fautives de certains itinéraires, dont une ignorante routine a seule consacré le sillon. C’est ainsi que, d’une part, d’utiles déterminations sont abandonnées, tandis que, d’un autre côté, se perpétuent des résultats erronnés.

La publication toute nouvelle du voyage de Caillié[1] dans l’intérieur de l’Afrique occidentale, m’offre une occasion, que je saisis avec plaisir, de consigner en courant, dans quelques pages, les réflexions critiques, les hypothèses et les résultats nouveaux auxquels m’a conduit un examen attentif de tous les matériaux dont s’est formée la géogra-

  1. La relation de Caillié a paru sous ce titre : Journal d’un Voyage à Temboctou et à Jenné, dans l’Afrique centrale, précédé d’observations faites chez les Maures Braknas, les Nalous, et d’autres peuples, pendant les années 1824, 1825, 1826, 1827, 1828 : par René Caillié ; avec une Carte itinéraire et des Remarques géographiques, par M. Jomard, membre de l’Institut ; Paris, 1830.