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VOYAGES.

sionomie que le peintre le plus parfait pourrait donner à un tableau. Lorsque je visitai ce temple, il n’était pas encore achevé : il ne l’est même pas encore, d’après ce qu’on m’a écrit ; plus de cent mille ouvriers y étaient employés journellement. Le diable ne pouvait pas suggérer à l’empereur un meilleur moyen de dépenser ses immenses trésors.

J’allai voir aussi le tombeau de Taïcosama, où je remarquai des choses admirables. Je déplorai que des édifices aussi magnifiques fussent consacrés à l’adoration des cendres d’un homme dont l’ame est en enfer pour l’éternité. On entre dans ce temple par une allée pavée en jaspe, qui a plus de quatre cents pas de longueur, et trois cents de largeur. Il y a de chaque côté, de distance en distance, des piliers aussi de jaspe, où sont placées des lampes qui sont allumées à l’entrée de la nuit, et qui répandent une si grande clarté, qu’on ne s’aperçoit pas de l’absence du jour. Au bout de cette allée, on monte au péristile du temple par plusieurs degrés. On voit à droite, et avant d’entrer, un monastère de religieuses, qui prennent part aux offices qui sont célébrés avec beaucoup de solennité. La porte principale est incrustée de jaspe et entourée d’une garniture artistement travaillée en or et en argent. La magnificence de cette porte et le fini du travail annoncent celle de l’intérieur de l’édifice. La nef est supportée par des colonnes et des pilastres d’une haute dimension. Il y a au milieu un chœur, comme dans nos cathédrales, avec des siéges et une grille tout autour. Des chapelains et des chanoinesses y chan-