Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 2.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
VOYAGE AU JAPON.

Après être resté près de deux heures dans la maison des chapelains, on me conduisit à celle des religieuses, dont le mur était mitoyen. Elles étaient vêtues de robes de soie bleue et blanche, et portaient un voile bleu. Cet habit me parut plus propre à la cour qu’au cloître. La mère abbesse me reçut dans une grande salle, et me fit servir une collation à laquelle elle prit part ainsi que les autres religieuses, et, pour rendre la fête complète, une douzaine d’entre elles formèrent des danses au son d’une espèce de guitare. Au bout d’une demi-heure, je pris congé et je me retirai chez moi.

J’allai enfin voir le temple consacré à toutes les idoles qu’on adore au Japon. Cet édifice est le plus grand que j’aie jamais vu. Il contient deux mille six cents statues de dieux ; chacune a son tabernacle décoré des divers emblèmes de la fausse divinité. Toutes ces statues sont de bronze doré ; en effet, les Japonais excellent dans l’art de fondre et de dorer les métaux. Ce temple a de grands revenus, et je n’en suis pas surpris ; l’entretien doit en être fort coûteux. Je me fatiguai de voir tant de chapelles, et je déplorai la puissance du diable sur ce peuple.

Les PP. Jésuites et les religieux de Saint-Dominique et de Saint-François ont chacun un couvent dans la ville de Méaco ; mais ils ne sont pas apparens et sont en quelque sorte masqués par des maisons. La prédication du saint Évangile à déjà porté beaucoup de fruit au Japon, où il y a un grand nombre de chrétiens.