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LA GRÈCE EN 1829.

fait, avec la circonstance qui l’accompagne, d’Ibrahim lui-même ; des Grecs à qui j’en ai parlé ont été obligés d’en convenir.

La réponse paraîtra facile, je le sais ; on dira que les trahisons sont le crime de quelques individus seulement ; que la masse les déteste ; que même, malgré ces alliances momentanées avec leurs ennemis, les Grecs n’en restent pas moins Grecs ; que ces monstruosités qui nous choquent ne sont que le fruit de leur extrême ignorance, comme cette ignorance et les vices qui l’accompagnent sont le produit de l’asservissement dans lequel ils ont été tenus ; enfin qu’il ne faut point s’arrêter à des détails, mais qu’un grand événement, comme la régénération de la Grèce, doit être vu de haut, et considéré dans son ensemble. J’admettrai ces raisons tant qu’on voudra ; je me bornerai seulement à observer en premier lieu que, lorsque nous voyons les mêmes faits se reproduire si souvent, la même conduite se répéter uniformément chez tous les hommes, à très-peu d’exceptions près, c’est une bien forte présomption pour établir sur leur compte une opinion générale. Je veux croire que la masse y est étrangère ; mais quel moyen avons-nous pour apprécier cette masse, et pour nous former une opinion contraire à celle que des faits patens concourent à établir ? Tout se réduit à l’assertion de quelques philhellènes, qui veulent être crus sur parole ; je qualifierai plus tard, comme elle m’a paru, d’après ce que j’en ai vu, cette nuée d’aventuriers qui est venue chercher fortune en Grèce. La discordance de