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LA GRÈCE EN 1829.

si souvent fatigués, qu’il faut tenir compte aux Grecs d’un esclavage qui a dégradé leur caractère, et que ce ne sont pas eux, mais leurs oppresseurs, qui en sont véritablement coupables, elle est excellente pour un esprit spéculatif qui se contente de rechercher les causes et qui n’a point à s’occuper des faits. C’est un point de recherche historique, comme tout autre ; mais telle n’est pas la question qui nous intéresse. Quand il s’agit d’un pays, il faut le voir dans son état actuel ; peu importe ce qui l’y a amené. Pour faire de l’avenir, il faut partir du présent. Or tel est le présent en Grèce ; c’est la seule base de laquelle nous puissions partir pour savoir ce qu’il est possible d’en attendre, et ce que nous pouvons vraisemblablement faire pour elle. Quant aux explications historiques, je les admettrai avec plaisir comme choses d’instruction, comme leçons de l’expérience, mais j’en reviendrai toujours, comme point de départ et comme règle de conduite, au présent.

La question actuelle, nous dit-on encore, doit être vue de haut, et de mesquins détails en sont indignes. Malheureusement cette réponse est bien vague. À rejeter tous les détails, on risque de ne rien connaître et de parler sans savoir. Aujourd’hui qu’il s’agit de la Grèce, d’en tenir compte en politique, et de la faire entrer dans la grande combinaison que des intérêts bien plus importans sont venus soulever, il est cependant de quelque utilité de connaître ce qu’elle est ; autrement on se trompera et on bâtira sur le sable.