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VOYAGE AU JAPON.

établir entre le roi mon maître et l’empereur du Japon eussent été cimentées par un empressement réciproque, la conquête de la Corée eût pu être tentée de nouveau, et ce pays eût été un autre champ où les semences de l’Évangile eussent pu être répandues avec fruit.

Le Japon se compose d’un grand nombre d’îles, divisées en soixante-six provinces, toutes très-peuplées et fertiles.

Les Japonais sont beaucoup plus belliqueux que les Chinois, les Coréens et les autres peuples voisins de Manille. Leurs armes sont l’arquebuse, dont ils se servent fort adroitement, quoique avec lenteur, les lances et épées dont j’ai parlé, et de l’artillerie en petite quantité, qu’ils n’emploient que depuis soixante ans. Ils observent une grande discipline militaire. Le pays est garanti de toute attaque par des forteresses inexpugnables, où l’art ajoute aux avantages naturels de la situation.

Le climat est pareil à celui d’Espagne ; cependant les hivers y sont en général plus rigoureux. On n’y connaît ni peste, ni famine, parce que le climat y est très-sain, et parce que les saisons y sont si régulières, que les récoltes n’y manquent jamais.

Les Japonais sont adonnés à l’ivrognerie, qui est chez eux l’origine de plusieurs vices, tels, par exemple, que l’incontinence qui les excite à avoir une grande quantité de femmes. Le nombre de celles qu’ils entretiennent passe quelquefois cinquante. Les maris japonais sont peu fidèles, et ne se font pas scrupule de fréquenter des femmes pu-