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ANNALES DU RAJASTHAN.

que la belle reine de Ganore, traînée de forteresse en forteresse, fut dépouillée de sa puissance par l’ennemi qui l’avait réduite en captivité, elle obtint des conditions qui ne pouvaient pas être déshonorantes, même à une souveraine. Le vainqueur la supplia de devenir son épouse et de régner sur son peuple et sur lui. Persuadée de l’inutilité d’un refus, la reine accepta cette offre, et désigna le jour où elle devait être réalisée. Couvert de vêtemens somptueux qui avaient appartenu à la cour de Ganore, et qu’il tenait des mains de sa future, le khan se rendit sur une haute terrasse où la cérémonie devait avoir lieu, et se plaça à côté de la reine qui déjà l’y avait précédé. Mais aussitôt il éprouva les atteintes d’un mal inconnu ; il demanda à boire à grands cris, et arracha par lambeaux la robe qui couvrait son sein brûlant. « Khan, lui dit la reine avec calme, les vêtemens que vous portez sont empoisonnés. Notre mariage et notre mort vont avoir lieu en même temps ; c’est le seul moyen que vous m’avez laissé d’échapper à mon déshonneur. » À ces mots, elle se précipita dans les flots qui coulaient au pied de la terrasse.

La fille d’un puissant chef des Mohils, fiancée à l’héritier du souverain de Mundore, conçut une vive passion pour un personnage de la cour. Flatté de cet honneur et de la préférence dont il était l’objet, celui-ci reçut la main de celle qui l’avait choisi, et, après la cérémonie des noces, il la conduisit dans une forteresse qu’il commandait au