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ANNALES DU RAJASTHAN.

mains qui semblaient le clouer à cet endroit, il ne put y parvenir. Cependant cette position ne pouvait être long-temps tenable, lorsque la pauvre paysanne vit heureusement, passer un soldat ; elle l’appela, et le pria de prendre sa place pour quelques instans : celui-ci y consentit sans peine, et crut avoir contracté une tâche facile à remplir. Mais il ne tarda pas à rappeler à son secours la femme qui s’éloignait en riant, et qui lui conseillait de l’attendre pendant quelques minutes. En effet, elle revint bientôt avec son mari, qui tua l’ours d’un coup de cognée.

Malgré les brillantes qualités qui distinguent ces femmes, leur destinée n’en est pas moins rigoureuse. Une mort violente les menace à toutes les périodes de leur existence, et elles ont d’autant moins de chances d’échapper à ce sort cruel, qu’elles sont douées de plus de charmes et d’amabilité. Elles éprouvent, d’ailleurs, la plus grande difficulté à former des unions convenables, par suite des lois relatives à l’inceste et de la multiplicité des cas où il est considéré avoir lieu. Non-seulement il est défendu de contracter mariage entre les individus de la même famille patriarcale, mais entre ceux de la même tribu. Ainsi, quoique huit siècles se soient écoulés depuis l’époque où les deux grandes subdivisions des Gehlotes se sont formées, les hommes de l’une de ces branches regardent encore comme leurs sœurs les femmes de l’autre. D’après cela, les parens d’une jeune fille sont forcés de lui chercher un époux au loin, et quand ils l’ont trou-