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CONSIDÉRATIONS SUR MADAGASCAR.

La contrée montagneuse et presque inaccessible où règne Bédouck est un séjour délicieux et sain ; l’homme y respire un air si pur que les montagnards insulaires, attirés au Fort-Dauphin pour échanger les productions de leurs pays, le miel vert, la cire, des gommes précieuses et des fruits secs, contre des fusils, de la poudre à tirer, ou des toiles guinées des Indes, ne tardent pas à tomber eux-mêmes, aussi bien que les Européens, victimes des exhalaisons pestilentielles qui s’élèvent des marais de Loukar, Sainte-Luce, Fort-Dauphin, et de toutes les bourgades et des terres réunies sous l’autorité de Rabéfagnan.

L’insalubrité de l’atmosphère vient encore de plusieurs causes physiques dont la plus évidente et la principale est la culture du riz. De toutes les races de couleur, le Malgache est le plus indolent : son bonheur est de rêver depuis le lever du soleil jusqu’au soir au bord des lacs, sous les arbres gigantesques. Ce n’est qu’avec une extrême répugnance qu’il se décide à jeter négligemment un peu de riz sur une terre bourbeuse pour récolter de quoi satisfaire à ses besoins les plus urgens. On sait tout ce que la culture du riz exige d’intelligence dans les travaux d’irrigation, pour qu’elle ne communique pas à l’air une malignité funeste à la vie. Cette culture, arrivée depuis des siècles à sa perfection dans les différentes contrées de l’Indoustan, ne laisse pas néanmoins d’y enfanter quelquefois des maladies pernicieuses. Il en est de même dans les contrées de l’Europe où le