Une grande entreprise littéraire vient d’être exécutée par M. Bignan. L’Iliade paraît en ce moment complétement traduite en vers français. Nous avons examiné avec soin l’œuvre de M. Bignan[1]. On pourrait sans doute y désirer plus de force et de concision ; mais peut-être aussi aurait-il perdu sous le rapport de la fidélité ce qu’il eût gagné en énergie. Voici au reste un fragment qui nous semble prouver que l’habile traducteur a su quelquefois heureusement associer l’une à l’autre.
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Il (Achille) achève un banquet à peine commencé… ;
Lorsque le grand Priam, trompant les yeux jaloux,
S’approche du héros, se jette à ses genoux,
Et baise cette main, terrible, meurtrière,
Qui de ses fils nombreux a borné la carrière.
Quand le pâle assassin par un arrêt fatal
Condamné pour jamais à fuir le sol natal,
Dans un riche palais vient chercher un asile,
Il entre et voit frémir l’assemblée immobile :
Tels, portant l’un sur l’autre un rapide regard,
Les compagnons d’Achille, à l’aspect du vieillard,
S’étonnent ; le héros admire aussi lui-même
De son port, de ses traits la majesté suprême.
- ↑ Voir l’Album ci-après.