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MÉLANGES.

métier : quant à la portion qui est constamment en émigration à Smyrne et à Constantinople, elle fournit à ces deux villes les maçons, les cordonniers, les menuisiers, les domestiques et généralement aussi les hommes de peine. Tous ces individus, éloignés momentanément de l’île bienheureuse, ne voient d’autre récompense de leurs travaux que d’y retourner un jour pour jouir du fruit de leurs économies. Partout où ils se trouvent, ils conservent entre eux avec soin les relations de compatriotes, ne se mélangent pas avec la population des autres lieux, et exercent les uns sur les autres une surveillance qui a pour base les usages et les traditions du pays natal.

Les principaux produits de l’île sont l’orge, dont on récolte 60,000 kil. de 22 ocques ; les figues, dont 4,000 quintaux, produit annuel, se vendent, terme moyen, à 20 piastres turques le quintal ; la soie, dont la récolte est calculée à 4,000 ocques, et la valeur à 45 piastres l’ocque ; le vin rouge, dont on remplit annuellement 40,000 barils ; le vin blanc de Malvoisie, dont on exporte annuellement environ 1,500 barils, et dont la qualité liquoreuse jouit dans tout le Levant d’une réputation méritée ; l’eau-de-vie (raki), dont la fabrication annuelle s’élève à 400 barils.

L’île produit peu d’olives, et quant aux grains, haricots, fèves et autres légumes, on est obligé, chaque année, de recourir à l’Anatolie pour se procurer le supplément nécessaire à la consommation locale.

Le bétail est nombreux à Tino, et on le calcule dans la proportion suivante : 7,000 chèvres ou moutons, 7,000 bœufs, 2,800 mulets, 1,145 ânes.

L’industrie principale des femmes est la fabrication des bas et des gants de soie, dont il se fait dans tout le Levant, et principalement dans l’Archipel, une très-grande consommation. Ces objets sont comme une partie indispensable du costume habillé de tous les élégans des îles. Le bas uni ou chiné de Tino, porté le dimanche dans un soulier bien dé-