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SIÉGE D’ALGER PAR CHARLES V.

Lorsque le jour reparut, une barque envoyée par Doria vint à bout d’aborder à terre, et apprit au camp que l’amiral avait échappé à la tempête la plus furieuse qu’il eût vue pendant cinquante ans de navigation, et qu’il avait été obligé de se retirer sous le cap de Metafuz, avec ses vaisseaux délabrés. Comme le ciel était toujours orageux et menaçant, Doria conseillait à l’empereur de marcher avec la plus grande diligence vers ce cap, l’endroit le plus commode pour rembarquer les troupes.

C’était, dans ce malheur, une grande consolation pour Charles que d’apprendre qu’une partie de sa flotte était sauvée ; mais ce sentiment de plaisir était bien altéré par les embarras et les inquiétudes où le jetait encore l’état de son armée : Metafuz était à quatre jours de marche du lieu où il était alors campé. Les provisions qu’il avait débarquées à terre étaient toutes consommées ; les soldats, fatigués et abattus, auraient à peine été en état de faire cette route dans leur propre pays : découragés par une suite de souffrances que la victoire même n’aurait peut-être pu leur rendre supportables, ils n’avaient pas la force de résister à de nouvelles fatigues. Cependant la situation de l’armée ne permettait pas même de délibérer, et il n’y avait pas deux partis à prendre. Charles ordonna donc à ses troupes de se mettre en marche ; les blessés et les malades furent placés au centre, et ceux qui paraissaient les plus vigoureux, à la tête et à l’arrière-garde. Ce fut alors que l’effet cruel des maux qu’ils avaient essuyés se fit mieux sentir, et que de nouvelles calamités vin-