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LA GRÈCE EN 1829.

Leur prévoyance n’a pas tardé à être justifiée. Ipsara n’est plus ; Hydra et Spetzia, qui n’existaient que par le commerce, sont aujourd’hui dans la misère la plus profonde ; et nous avons vu 300 Hydriotes, pressés par le besoin, émigrer en Égypte, pour y chercher de l’emploi auprès du pacha[1]. Il est hors de doute que, si l’ordre ne renaît au plus tôt, ces îles retomberont avec plus de rapidité encore qu’elles ne se sont élevées, et redeviendront avant peu des rochers déserts. Mais si les troubles cessent, elles peuvent encore être heureuses. Elles ne doivent cependant pas se dissimuler qu’elles ne retrouveront jamais les avantages dont elles jouissaient précédemment. Elles n’auront plus celui d’avoir deux pavillons et deux protections. Déjà Trieste, Gênes et Livourne se sont emparés du commerce si lucratif de la mer Noire ; elles s’y sont établies sur de trop bonnes bases pour qu’il soit facile de les supplanter. Elles possèdent aussi, conjointement avec les Anglais, tout le cabotage de la Turquie ; je ne parle pas de celui de l’Archipel, car les îles qui le composent ont trop peu d’importance pour attirer les regards du commerce ; et, pour les rapports fort restreints qui ont lieu d’île à île, leurs barques et leurs petites goëlettes sont plus que suffisantes.

Telles sont les redoutables rivales contres lesquelles Hydra et Spetzia auront à lutter avant de songer à reprendre dans le commerce la place qu’elles occupaient il y a huit ans. Encore suppo-

  1. Voyez plus bas.