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VOYAGES.

Dans le pays des Mandingues, les Anglais ont tenu la même conduite qu’avec les Wallos : ils ont soutenu alternativement les chefs révoltés ou leur roi, aidant toujours le parti le plus faible pour entretenir la guerre civile. Ils n’ont pas, il est vrai, occasionné de disette chez ces peuples, mais uniquement parce que cela était hors de leur pouvoir.

À Sierra-Léone, voyons comment la cause de l’humanité est servie. Pour que chacun puisse juger, je n’ai qu’à rapporter l’histoire d’un navire négrier, laquelle, à quelques légers détails près, est l’histoire de tous les négriers pris par les Anglais ; ce n’est pas un récit fait à plaisir, mais une histoire dont j’ai moi-même vu le dénouement pendant mon court séjour à Sierra-Léone. Un négrier, porteur d’expéditions françaises, mouille au Vieux-Calabar, et y vend sa cargaison pour trois cents nègres ; quelque temps après entre un navire de guerre anglais qui visite le navire marchand mouillé dans la rivière, reconnaît qu’il est en règle, et qu’étant français on n’a rien à lui dire. Le capitaine anglais a un homme blessé à son bord : le chirurgien du négrier lui donne ses soins ; l’anglais manque de provisions fraîches, le négrier lui envoie en cadeau une barrique de vin, des raisins secs, etc. ; il l’invite à dîner, l’autre s’y rend ; en buvant et mangeant la confiance s’établit ; l’officier anglais demande au capitaine négrier s’il partira bientôt ; celui-ci répond à son nouvel ami que sa cargaison est prête ; alors l’officier anglais