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SOUVENIRS DES CÔTES D’AFRIQUE.

dans les grandes marées, un navire d’un tonnage beaucoup plus fort peut franchir ce banc. On est sûr de se procurer un pilote en tirant un coup de canon en dehors de Mud-Barr, le roi a beaucoup de ses gens qui ont navigué avec les Anglais, et qui, premier signal, s’embarquent dans leurs pirogues pour se rendre à bord du navire qui réclame leurs services.

Je ne m’étendrai pas sur la fertilité du pays ; je me bornerai à dire que les nègres sont abondamment fournis de riz, de mil, de pistaches, de manioc, d’ignames, de bananes, de plantin ; les citronniers, les orangers, les corosoliers, les manguiers, les goyaviers, y viennent très-bien et sans culture ; les ananas et les pommes de cajou se trouvent dans les bois, avec une quantité considérable d’autres fruits fort agréables et qui me sont inconnus ; le caroubier s’y rencontre partout : son fruit sert de nourriture aux marchands qui voyagent en caravanes. Les sources d’eau douce sont très-abondantes ; à chaque quart de lieue on trouve un ruisseau d’eau limpide, où l’on peut se désaltérer, se baigner, et laver son linge. Les bras principaux et les nombreux marigots du Rio-Pongo sont bordés de mangliers, couverts d’huîtres jusqu’à la hauteur qu’atteint le flot.

Quelques indigènes, ainsi que les Européens établis dans le pays, élèvent des magasins à l’épreuve du feu : ils bâtissent d’abord en terre glaise des murailles de dix à douze pieds de hauteur ; ils forment le plafond avec des troncs de mangliers,