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VOYAGES.

» Les paysans de la Baraba se servent pour la chasse d’une race de chiens, qui ressemble parfaitement à celle que les Ostiaks emploient pour l’attelage, et qu’on trouve presque partout dans la Sibérie méridionale. On ne saurait douter que les Russes ne les aient reçus des Ostiaks, chez lesquels ils vont chercher une quantité considérable de pelleteries.

» Les villages de la Baraba sont tous neufs, et on voit, par l’agriculture des champs qui les avoisinent, qu’ils appartiennent à des colons nouvellement arrivés. Ils ne se composent que d’une rue toute droite. Les habitans sont des exilés, et on peut être sûr que chaque maison renferme au moins un voleur. Cependant les excès y sont très-rares, et on n’a aucun exemple de vols à main armée sur la grande route. On explique ce phénomène, qui a lieu pour toute la Sibérie, par l’impossibilité dans laquelle le criminel se trouve de cacher son crime. Dans tous les villages de quelque étendue est stationné un détachement de troupes, destinées à convoyer les transports de malfaiteurs exilés. On voit également dans chaque village un ostrog, ou prison, dans lequel ces malheureux sont enfermés pendant la nuit. Il ne reste ici à l’exilé qui voudrait s’enfuir qu’à s’enfoncer dans les déserts marécageux qui bordent la route à droite et à gauche, mais il y périrait bientôt de faim et de misère. Plusieurs d’entre eux se réunissent pour se sauver, mais cela ne leur réussit presque jamais ; les paysans du voisinage craignent ces fuyards déses-