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VOYAGE EN ASIE.

» Les alentours de Krasnoiarsk sont de toute beauté ; la vallée dans laquelle coule le majestueux Ieniseï est entourée de montagnes assez élevées, et qui offrent des sites pittoresques. Leur versant est couvert de bouleaux et de peupliers. La ville est à présent la capitale du gouvernement de Ieniseïsk, et pour la Sibérie un centre de lumières, où le gouverneur, M. Stephanov, a commencé à faire fleurir la littérature, qui avant lui était chose inconnue dans la partie orientale de la Sibérie. Il y publie tous les ans un almanach littéraire. Les morceaux poétiques sont pour la plupart des descriptions pittoresques des beautés naturelles du pays.

» Les villages situés sur la grande route qui conduit à Irkoutsk sont passablement grands, et si rapprochés qu’on en rencontre souvent deux ou trois dans l’intervalle de deux relais. On y trouve de nombreux troupeaux de chevaux et de gros bétail qu’on laisse pâturer l’été comme l’hiver. L’intérieur des maisons est propre ; la belle chambre même en est élégante pour un paysan russe. Les vivres se trouvent partout en abondance, et pourtant ce pays nous paraît un désert : car, en effet, il n’y a que la grande route qui soit habitée, et on n’y voit presque jamais un chemin de traverse qui conduise à droite ou à gauche.

» Nous rencontrâmes souvent des troupes d’exilés : plusieurs de ces malheureux étaient enchaînés. Ils travaillent dans les forges et les fabriques de ce pays. À une distance de treize à quatorze lieues d’Irkoutsk se montre tout à coup,