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VOYAGES.

se fait à Kiachta, au mois de février, je quittai Irkoutsk le 12 de ce mois, par un ciel pur et un soleil éclatant. Cet état de l’atmosphère est permanent pendant l’hiver ; à l’exception du moment où l’Angara se couvre de glace, le ciel est toujours serein, et on n’aperçoit aucun nuage. Notre chemin remontait la rivière gelée, dont les rives de grès forment souvent des hauteurs arrondies. Le second relais d’Irkoutsk est situé dans une forêt de mélèzes qui lui donne son nom. L’Angara y sort avec fracas du lac Baikal, par un froid de 25° de Réaumur. À cet endroit elle est toujours libre des glaces qui la couvrent plus bas et qui s’étendent sur toute la superficie du lac. Un brouillard assez épais s’élève de la rivière. Une station plus loin, nous passâmes le lac sur la glace unie comme un miroir. Comme les chevaux sont très-vigoureux, et que les frottemens sont presque nuls sous le traîneau, on traverse la glace avec une vitesse vraiment inouie. De Kadilnaia on quitte le bord occidental du lac, et se dirigeant droit à l’est, on franchit en deux heures au plus toute sa largeur, qui est ici de onze lieues et demi. Les transports de thé, que nous avions rencontrés souvent, augmentent encore au-delà du Baikal et à mesure qu’on s’approche de la frontière chinoise. Ordinairement ces convois se composent d’une file de 50 à 100 traîneaux attelés d’un cheval, et dont chacun est chargé d’une seule caisse de thé, cousue dans des peaux de chèvres, et entourée d’un filet de cordes qui la fixe sur le traîneau. Ces transports sont rare-