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DÉMÊLÉS DE LA FRANCE ET DES ÉTATS-UNIS.

ne s’étendirent à la prospérité de tout ce qui respire sur les deux hémisphères. »

Le premier bâtiment américain condamné en vertu du décret de Berlin fut l’Horizon de Boston, qui avait été jeté sur les rochers de Morlaix dans le mois de mai 1807. Le général Armstrong, alors ministre des États-Unis à Paris, réclama vainement auprès du gouvernement impérial. Le 11 décembre 1807 survint le décret de Milan, qui ajoutait encore à la rigueur du premier. Ce décret déclarait dénationalisé et propriété française tout bâtiment qui se serait soumis à une visite de la part d’un vaisseau anglais, qui aurait fait un voyage en Angleterre, ou qui aurait payé une taxe quelconque au gouvernement anglais, et le bâtiment, ainsi dénationalisé par les mesures arbitraires de ce gouvernement, était dit de bonne prise par tout vaisseau de l’état ou armé par un particulier. L’art. 4 dit que ces mesures sont justes représailles du barbare système suivi par l’Angleterre, et qu’elles cesseront d’avoir leur effet à l’égard de toutes les nations qui auront la fermeté de faire respecter leur pavillon par le gouvernement anglais. Mais n’était-ce pas punir le faible de ne pouvoir réprimer les insultes et les mesures vexatoires de l’Angleterre, et confisquer ses vaisseaux, n’était-ce pas lui ôter les moyens et la volonté de tenter un généreux effort contre cette puissance[1] ?

  1. Ce furent en effet les déprédations exercées contre les Américains qui retardèrent la déclaration de guerre des États-Unis con-