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LETTRES SUR L’INDE ANGLAISE.

traire flattés de la présence de leurs officiers à leurs cérémonies religieuses ; ils les y invitent avec instance et vous serez sans doute dans la nécessité d’assister à ces solennités païennes, si ce n’est par curiosité, du moins par un sentiment de condescendance. Vous y remarquerez sans doute que, grâce aux distinctions de castes et de familles, et à l’influence qui en résulte, souvent un simple soldat préside à ces assemblées, tandis qu’un officier indigène peut en être exclu. Du reste, cette circonstance se présente bien moins fréquemment depuis que les Anglais se conforment pour la distribution des rangs à la hiérarchie des castes.

Vous ne devrez pas avoir, dans l’Inde, des relations bien fréquentes avec les personnes d’une condition élevée. Leurs mœurs ; leurs usages, leurs amusemens diffèrent tellement de ce que nous connaissons, que des affaires urgentes et indispensables peuvent seules nous mettre en contact ; mais précisément, par la même raison, vous aurez souvent besoin des services des gens du peuple. Dans ce cas, vous pouvez exiger et commander sans doute, mais croyez que des formes polies et de légères récompenses pécuniaires vous feront obtenir d’une manière plus sûre et plus prompte ce que vous aurez à demander. Plus d’une fois, la violence a causé des malentendus et des rixes qui se sont terminés d’une manière fâcheuse. Je pourrais vous en citer une foule d’exemples : voici le premier qui s’offre à ma mémoire.

Un officier, qui ne connaissait pas la langue du