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FRAGMENS LITTÉRAIRES.

trois ; tous avides de voir, et nous explorions la longue forêt de Lions, pour découvrir les vastes débris de Mortemer.

Déjà nous avions traversé Lisors et salué les vieilles tourelles du château de Marle, dont les nobles restes et l’aspect silencieux disposent aux mélancoliques pensées. À sa vue, un souvenir pieux était descendu dans mon ame pour me rappeler les bontés de mon aïeule, et je laissai mes deux fils emporter une vague esquisse des lieux qu’ils devraient posséder aujourd’hui…

La petite rivière de Mortemer, brillante, vive et rapide, roulait ses eaux argentées au fond du vallon, et nous servait de guide. Des bois couverts d’une vapeur bleuâtre nous entouraient, et le chant d’une fauvette qui paraissait faire route avec nous venait encore embellir cet intéressant tableau.

Arrivés à la croisière des quatre chemins, nous découvrîmes enfin ces magnifiques débris que nous cherchions.

La vue de ces monumens dont les siècles avaient échancré le sommet, ces lieux agrestes, le calme qui nous environnait, et que troublait seulement le bruit éloigné du battement d’un moulin, suspendirent ma pensée.

Mes yeux dirigés sur une des voûtes de la chapelle étaient fixes et immobiles… Au même instant parut un vieillard, dont la tête blanchie par les années semblait appartenir à ces décombres antiques. C’était l’image du Temps. Je l’examinai avec surprise et intérêt… Il venait d’enlever deux tron-