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FRAGMENS LITTÉRAIRES.

çons de colonne pour faire deux siéges à la porte de sa maison de chaume, où il entra aussitôt. Une curiosité dont je ne fus pas le maître m’entraîna vers lui. J’engageai bientôt la conversation. Il s’établit peu à peu une sorte d’intimité entre nous, et la confiance amena l’abandon. Je le questionnai sur le temps passé, et le bon vieillard commença à nous parler de 1750, comme si c’eût été d’hier. « J’avais dix ans, nous dit-il, lorsqu’un énorme loup… » Mais ce n’était pas de lui dont je voulais qu’il nous entretînt, je l’interrompis, et lui demandai ce que l’on racontait autrefois de ce vieux monastère et des seigneurs du lieu. Le vieillard sourit : « Ah ! ce qu’on en disait, Monsieur, vous n’y croiriez peut-être pas aujourd’hui, et cependant il y a des momens où je pense encore voir… – Eh bien ! lui dis-je, racontez-moi, je vous prie, ce que vous avez vu, et je vous promets d’y croire. » Après quelque hésitation, le vieillard se leva, alla chercher au fond d’une grande armoire de noyer un petit coffre en bois, sur lequel des saints étaient sculptés ; il l’ouvrit, en sortit un parchemin, et me dit : « Tenez, Monsieur, voilà le coffret de l’ancien supérieur de l’abbaye ; je le tiens de mon père, qui l’avait eu du sien, vous pouvez considérer ceci comme une chose avérée. D’ailleurs mon père avait été garde de toute cette forêt, et il y avait vu, la nuit, des choses bien aussi extraordinaires. »

Voici, sauf la liste des supérieurs de l’abbaye et des notes relatives au service divin de ce monas-