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SOUVENIRS DES CÔTES D’AFRIQUE.

les vaincre. Si l’on faisait sa fortune en les combattant, assez d’aventuriers seraient disposés à courir toutes les chances de la guerre dans l’espoir de gagner de l’or ; mais il n’en est point ainsi : si l’on demeure vainqueur, tout le butin se borne à quelques mauvaises armes, et l’on se trouve sans dédommagement pour les pertes que l’on a essuyées.

Je pense que l’on ne doit tenter d’établissement commercial que dans un pays où, au pis aller, on en soit quitte pour des sacrifices d’argent, pour des cadeaux faits à quelques chefs : or, à Boulam, je ne vois aucune nation indigène qui pût nous protéger pour de l’argent. Je vois, au contraire, des peuples puissans, ne vivant que de rapines, et qui sont la terreur de toute la côte. Sans doute des européens surmonteraient ces difficultés ; mais pourquoi se jeter dans des dépenses considérables sans l’espoir fondé de recueillir des avantages certains ? Une expédition anglaise s’est rendue, en 1829, dans le Rio-Grande, pour y établir un comptoir, et d’après le rapport que me firent les gens du pays, lorsque je passai dans les environs, au mois de juillet, un seul individu avait survécu.

V. – Cagnabac

De Boulam je me rendis à Cagnabac : c’est la dernière île habitée au sud, dans l’archipel des Bisagos. Damion, roi actuel, ayant dans sa jeunesse été élevé chez les Portugais, est un peu plus