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SOUVENIRS DES CÔTES D’AFRIQUE.

des desseins hostiles ; il dégagea ses bras, saisit une paire de pistolets, et brûla la cervelle aux deux pauvres nègres qui n’avaient d’autre intention que de le recevoir chez eux afin de pouvoir se glorifier devant leurs voisins d’avoir donné l’hospitalité à un chef blanc qui avait de l’or sur ses épaules !!!!… Peut-être, au fond, espéraient-ils un petit cadeau, mais recevant chez eux, ils l’auraient attendu sans le demander. Le séjour de six ans que j’ai fait en Afrique m’a mis à portée de juger que presque toutes les querelles qui s’élèvent entre les européens et les nègres proviennent de ce que l’on ne se comprend pas, et que ceux-là prennent pour insulte ce qui, d’après les usages du pays, est une chose toute naturelle.

Aussi, dans la formation d’un établissement commercial sur la côte d’Afrique, je crois que le caractère du résident sera toujours pour beaucoup dans la réussite ; il faudrait un homme ferme, et en même temps assez conciliant pour éviter toute querelle violente avant que l’on pût savoir positivement si les avantages qu’on retirerait compenseraient les frais d’une guerre qu’on pourrait se trouver obligé d’entreprendre. Un fort serait indispensable, ou au moins un lieu de refuge assez sûr pour arrêter des Africains pendant quelque temps : il faut que le résident se trouve en état de protéger efficacement tous les marchands nègres qui viendront se mettre sous sa protection provisoire ; il faut qu’il puisse maintenir en état de paix des hommes appartenant à des nations différentes et souvent en