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MORT DE RICHARD II.

du prince Noir, mais frère aîné du duc de Lancastre, avait laissé une fille qui avait épousé Edmond de Mortemer, comte de la Marche, fils d’un des seigneurs venus de Normandie avec Guillaume-le-Conquérant. De ce mariage était né Ro-

    queur, mais, au contraire, payaient scrupuleusement tout ce dont ils avaient besoin… Ils brûlèrent quelques hôtels de grands seigneurs, mais ils ne s’appropriaient rien de ce qui s’y trouvait ; et même un des leurs qui fut surpris emportant quelque chose fut jeté dans le feu par ses compagnons. » (V. Thierry)

    Nous avons dit que Richard avait accordé aux cultivateurs anglais l’affranchissement qu’ils réclamaient, avec l’intention secrète de le révoquer aussitôt qu’il en trouverait l’occasion favorable. En effet, à peine les insurgés se furent-ils dissipés, qu’une proclamation fut publiée à son de cor dans toutes les villes et les villages, annonçant l’abrogation des lettres patentes. Un juge du banc du roi, nommé Robert Tresilyan, parcourut les campagnes avec une bande de soldats, ordonnant à tous ceux qui avaient des lettres d’affranchissement et de pardon de les lui remettre sans délai, sous peine d’exécution militaire pour tous les habitans en masse. Toutes les chartes qu’on lui apporta de cette manière furent lacérées et jetées au feu devant le peuple ; mais il ne se contenta pas de ces mesures, et recherchant tous ceux qui avaient été les premiers fauteurs de l’insurrection, il les fit périr par des supplices atroces, faisant pendre les uns quatre fois aux quatre coins des villes, faisant éventrer les autres et jeter leurs entrailles au feu, pendant qu’ils vivaient encore. (Henric. Knyghton, pag. 2643.)

    Ainsi se termina cette étonnante révolution de 1381, si peu connue, et pourtant si extraordinaire, si digne d’un meilleur succès, et qui pourrait donner lieu à des rapprochemens si singuliers, mais que le plan de cet article nous interdit. Ajoutons seulement que la tyrannie de Richard reçut plus tard sa punition, comme on va le voir, et que la haine profonde que lui portait le peuple anglais depuis la violation de la charte ne contribua pas peu au triomphe du jeune Lancastre ainsi qu’à la déposition du malheureux roi.