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MORT DE RICHARD II.

comte d’Huntingdon, négocier avec Lancastre, et décida de se retirer dans le château de Conway, sur le bord de la mer, et à la dernière extrémité de s’embarquer pour Bordeaux.

Le duc reçut Huntingdon un genou en terre, et se servit habilement de cet otage. Il lui fit écrire une lettre à Richard, afin que celui-ci eût confiance dans le comte de Northumberland que le duc lui envoyait. Northumberland se rendit, lui huitième, auprès de Richard, demandant, pour seules conditions du traité qu’il proposait que, les biens de Lancastre lui fussent rendus, et qu’il fût fait grand juge d’Angleterre. Le roi accorda, et on fit jurer Northumberland sur l’évangile et sur l’eucharistie. On fixa le lieu de l’entrevue avec Lancastre dans le château de Flint, et, se disposant à s’y rendre, il dit à Northumberland : « C’est sur votre foi que je m’y engage : songez à vos sermens et au Dieu qui les a reçus. » Le comte dit : « Très-cher seigneur, s’il est autrement, faites de moi comme on doit faire d’ung traître. » Il demanda ensuite la permission de prendre les devans pour faire apprêter à souper au roi et au duc dans le château de Flint, et ajouta : « Monsieur, hâtez-vous, car ils sont jà deux heures ou près. »

Richard monta à cheval, lui vingt-deuxième, et, arrivé au revers d’une montagne, il dit au comte de Sallisbury : « N’apercevez-vous point sur la vallée des bannières et pennons ? – Monsieur, oui, dit Sallisbury, et le cueur me dit mal. »