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HISTOIRE MODERNE.

et les démarches suspectes avaient effrayé la prudence du Damel, est né du sang royal de Kayor ; et, revêtu du caractère sacré de séryn ou docteur de la loi, il exerçait à ce titre l’autorité sacerdotale dans le district de Koqy. Banni par son souverain, il ne porta pas au loin son exil : franchissant le district neutre de Nghian-Bour, il arriva sur les terres de Ouâlo, et s’arrêta au village de Ndymb, appartenant au Beyghio Sâkora, chef de Mérina-Ghenn, l’un des feudataires du Brak : il y trouva accueil, et devint le chef sacerdotal ou séryn du lieu, Sâkora conservant le titre et l’autorité de Bourom-Dèq ou chef civil.

C’est sur ces entrefaites que Mohhammed-ben-A’mar revenant du désert, où sa défaite de Podor l’avait contraint naguère à chercher un asile, reparut à Daghnah, dans les premiers jours de mars 1829. on sait que l’êmyr-al-mouményn Yousef-ben-Siry menaçait de la guerre le vieux Brak Fara-Penda, si celui-ci n’expulsait du Ouâlo le mahdy fugitif ; l’imâm de Dimar, Abou-Baker, chef de Ghialmag, qui avait contre Fara-Penda des motifs personnels d’hostilité, voulait en venir aux mains sans plus attendre : Yousef, plus prudent, fit connaître ses volontés par un message auquel le Brak promit de déférer.

Le Damel avait, de son côté, dans un traité récent avec le Brak, stipulé la condition expresse que le mahdy félan ne pourrait être admis dans le Ouâlo, ni le traverser pour gagner le Kayor, sans que, par ce seul fait, la paix ne fût rompue. Ce