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HISTOIRE MODERNE.

et d’un caractère très-remarquables, et un jeune torodo libre, nommé dengaré-Boubou, petit, trapu, vigoureux de corps et d’esprit. Ils avaient pour se défendre deux pierriers à pivot implantés dans des pieux de gonatier peu solides et d’ailleurs à moitié pourris, placés aux deux coins de la face occidentale du mur d’enceinte. Ils chargèrent leurs pièces à mitraille, puis lorsqu’ils virent les insurgés à courte portée, ils firent feu et tuèrent beaucoup de monde ; mais les pierriers mal assujétis, brisant par le recul leurs faibles supports, tombèrent en dedans de la muraille, sur les bastions de terre où ils étaient établis. Saisissant alors leurs fusils, nos deux braves continuèrent d’abattre en détail les ennemis qui se présentaient à leur portée ; déjà près de quatre-vingts soldats étaient tombés sous leurs coups, lorsque les assiégeans, à force d’entendre deux coups de fusil seulement à la fois, reconnurent qu’ils n’avaient à faire qu’à deux hommes. Ils s’avancèrent alors en courant et en poussant de grands cris vers le mur d’enceinte, qu’ils assaillirent avec des haches et des pioches, en même temps qu’ils mettaient le feu à la porte d’entrée, laquelle est vers le marigot : ils démolissaient avec tant d’ardeur qu’ils eurent bientôt fait plusieurs ouvertures à la muraille, construite simplement en briques, et ils s’élancèrent plusieurs à la fois dans la cour. Ils n’y virent d’abord personne : Hippolyte et Boubou s’étaient retirés dans un magasin au rez-de-chaussée, pour s’y retrancher ; mais tout à coup, abandonnant une position qui ne leur parut pas assez avanta-