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TROUBLES RELIGIEUX EN AFRIQUE.

geuse, ils sortirent résolument tous deux, et déchargeant leurs fusils, abattirent les premiers qu’ils rencontrèrent ; au même instant ils devinrent le but de tous les coups : Hippolyte fut tué à bout portant, et dengaré-Boubou ayant reçu une balle dans la cuisse, une autre dans la poitrine, et un large coup de poignard au bras, fut laissé pour mort. Les frénétiques insurgés, formant un bûcher des instrumens aratoires et des débris des portes et des croisées, jetèrent dessus le cadavre d’Hippolyte, y mirent le feu, et après avoir tout saccagé revinrent en triomphe à Nghianghy.

Cependant le corps du brave gourmet ne fut consumé qu’en partie, et ses restes ont reçu depuis une honorable sépulture. Boubou, se relevant d’entre les morts après le départ des incendiaires, est allé demander, dans un de nos établissemens, la guérison de ses blessures, qu’il montre avec fierté comme les signes d’une bravoure héréditaire.

Dans la journée même de l’expédition de Doukitt, les nègres de l’établissement domanial de Richard-Tol, peu éloigné de Nghianghy, allèrent se ranger à l’obéissance du prétendu séryn Demba ; M. Berton, directeur de l’habitation, et quelques autres blancs qui étaient avec lui, se réfugièrent le même soir, avec armes et bagages à bord d’une goëlette mouillée dans le fleuve. De là M. Berton dépêcha en toute hâte un courrier au gouverneur de Saint-Louis.

Après quelques jours de repos à Nghianghy,