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HISTOIRE MODERNE.

l’armée réformatrice remonta le fleuve, et laissant de côté Richard-Tol, vint occuper Mbilor, dont les habitans, sous la conduite de leur chef Riké-Mboy, s’étaient réfugiés sur l’île de Tod, laissant leur village absolument désert. À peine arrivé, Demba envoya un parlementaire à l’habitation voisine de Mbaroul, fondée par M. Potin, afin de prévenir les frères Ziegler, gérans, qui y étaient demeurés, qu’ils n’avaient rien à craindre de lui, et qu’ils pouvaient rester en toute sécurité sur leur établissement ; mais ceux-ci, qui avaient parmi les nègres de nombreux affidés, furent avertis secrètement que ce n’était qu’une ruse pour les surprendre. Déjà ils étaient sur leurs gardes : ils avaient monté sur la terrasse de leur maison des sacs de mil en guise de gabions pour se retrancher, deux barils de poudre, des fusils, deux pierriers à pivot montés sur un affût improvisé avec quelques pièces de bois, de la mitraille qu’ils avaient fabriquée en brisant quelques tuyaux de fer, des vivres, et de l’eau en suffisante quantité pour se défendre de l’incendie ; ils avaient avec eux onze nègres, dont deux enfans, tous résolus à faire une vigoureuses résistance ; mais ces préparatifs furent presque superflus.

Le terme de la mission du fourbe était proche : dès l’arrivée, à Saint-Louis, du courrier expédié par M. Berton, le bâtiment à vapeur le Serpent, monté par M. le capitaine de vaisseau Brou en personne, prit la route de Mbilor, et le dépassa dans la nuit pour aller mouiller à Daghanah, après avoir pris langue à Mbaroul.