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LA GRÈCE EN 1829.

mais il fut bientôt détrompé : l’agent lui avoua ingénument qu’il savait bien que son rapport contenait tout autre chose que la vérité, mais que s’il la disait, on lui en saurait peu de gré, et qu’il préférait n’annoncer à ses commettans que ce qu’ils aimeraient apprendre.

Enfin, rappellerai-je tout ce qu’on a dit en Europe au sujet du fameux siége de Missolonghi ? J’ai déjà raconté par quel motif la flotte avait abandonné sa croisière, et avait laissé tomber entre les mains des assiégeans tous les convois qu’on y envoyait ; comment ceux qui commandaient dans la place avaient vendu aux Turcs ses approvisionnemens, et leur avaient ainsi fourni les moyens de continuer le siége. Néanmoins les soldats tenaient bon et se défendaient avec vigueur ; il est vrai qu’ils s’entendent assez bien à la défense des retranchemens, et que c’est dans ces seules occasions qu’ils montrent de la fermeté. Mais le défaut de vivres les obligea bientôt de céder. Ils formèrent alors deux colonnes : la première, composée de tous les hommes valides, fit, de nuit, une trouée à travers le camp des Turcs, et gagna les montagnes sans avoir perdu un seul homme ; l’autre, composée des femmes, des enfans, des vieillards, des blessés, s’efforça de suivre la première, mais elle était abandonnée à elle-même ; personne ne songea à protéger sa retraite, et elle tomba entre les mains des Turcs. Cependant quels beaux traits d’héroïsme n’avons-nous pas vus dans les journaux ! Pour peu qu’il y eût alors vraiment de l’héroïsme,