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LA GRÈCE EN 1829.

Quand j’ai visité le camp des Rouméliotes à Mégare, ils étaient tous, à les entendre, dans cette dernière catégorie ; proscrits de leur pays, pour avoir embrassé la cause de l’indépendance, c’était pour la délivrer du joug des Turcs, pour rentrer dans leurs familles, qu’ils se battaient. Les Grecs, qui sont pleins d’adresse, savaient très-bien que c’était le langage le plus propre à apitoyer sur leur sort, et ils ne manquaient pas l’occasion d’exciter l’intérêt. Quoi qu’ils en disent, il est positif que la plus grande partie de l’armée rouméliote n’est point composée de Rouméliotes ; il y en a 3,000 tout au plus dans toute cette armée qui compte plus de 8,000 hommes ; le reste est composé d’habitans de la Morée ou de l’Attique. Leur cause est complètement distincte de celle des Rouméliotes ; s’ils font la guerre, ce n’est plus par nécessité, c’est par caprice, et on voit à quoi se réduit le nombre de ceux qui se donnent pour proscrits, et font un appel à notre pitié pour nous intéresser aux folles expéditions, dont le seul mobile est le désordre et le pillage.

Malgré tous les efforts du gouvernement actuel, il n’a pu parvenir encore à établir partout une régularité complète, et il ne cesse de payer un plus grand nombre d’hommes qu’il n’y en a effectivement. Le sentiment du devoir ne retient pas plus qu’auparavant les soldats sous les drapeaux ; ils se débandent comme ils l’ont toujours fait, et les corps ne comptent pas comme présens la moitié de ceux qui sont inscrits sur les contrôles. Ils se plaignent