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LA GRÈCE EN 1829.

Ceux-ci ont, de leur côté, régularisé leurs armées, et leur résistance contre les Russes dans la campagne de 1828 a mis dans tout leur jour leurs qualités militaires que nous croyions éteintes. Ils ne cesseront, quelques moyens qu’emploient les Grecs, de conserver sur eux une immense supériorité, et si ces derniers n’ont, pour se défendre, que les ressources qu’ils tirent d’eux-mêmes, la lutte serait trop inégale pour se prolonger quelque temps. Si nous l’avons vue durer six années dans la révolution actuelle, on ne doit l’attribuer qu’à l’insouciance des Turcs, qui n’ont pas attaqué d’abord avec tous leurs moyens, et à la désorganisation intérieure qui ôtait à leur gouvernement toute sa vigueur. Dès que le sultan eut soumis les janissaires et reconstitué son autorité, dès qu’il eut dirigé contre les Grecs des forces suffisantes, le résultat ne fut plus douteux. C’est une folie que de croire que les Grecs puissent à eux seuls tenir tête à un colosse comme celui de la Turquie ; leur unique défense est dans la protection que les cours de l’Europe leur ont accordée, et certes cette protection vaut bien des armées. C’est pourquoi, je le répète, ceux qui pressent aujourd’hui le gouvernement grec de créer une armée régulière tombent dans une grave erreur, lorsqu’ils motivent leurs instances sur la nécessité que la Grèce présente une force imposante à l’extérieur. La persévérance qu’ils y mettent suppose, en premier lieu, peu de connaissance du pays, et de l’état de la question qui s’agite entre la Porte Ottomane et la Grèce ; en se-