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LA GRÈCE EN 1829.

pectées d’un côté comme de l’autre, et tant qu’une croisade générale n’aura pas été prêchée contre les Turcs, elles intimeront aux Grecs de s’en tenir à ce qui leur a été donné. Si les Grecs outrepassent ces défenses, s’ils s’obstinent à perpétuer une agitation et des troubles qu’il est de l’intérêt général de voir assoupir le plus tôt possible, ils doivent craindre que les puissances, fatiguées d’une protection onéreuse, n’abandonnent un peuple qui n’en est pas digne, et qu’ils ne se trouvent alors seuls, livrés à eux-mêmes vis-à-vis d’un ennemi implacable, qui les écrasera bientôt de tout son poids. L’intérêt le plus pressant des Grecs est donc de s’attacher à ce qu’on leur a donné, et de s’en tenir scrupuleusement aux limites qu’on leur a fixées. Dans ce cas est-il prudent de leur mettre les armes à la main, et d’exciter encore, en leur donnant les moyens de la satisfaire, l’impatience, déjà bien assez grande, qu’ils témoignent pour dépasser les barrières que nous avons posées à leur ambition ? Nous nous plaignons déjà de leurs tentatives sur la Roumélie et sur Candie ; que sera-ce quand ils auront une armée ? Elle ne serait donc qu’un brandon de discordes, inutile pour la défense du pays, et propre seulement à provoquer la guerre. Ce n’est pas un pareil système que nous pouvons encourager, et l’organisation que nous voulons donner aux Grecs doit être toute conservatrice, toute pacifique de sa nature. C’est dans ce sens que je comprends une armée régulière en Grèce ; c’est vis à vis du pays lui-même, c’est pour don-