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STATISTIQUE.

rapportant ses calculs à l’année 1450, et un semblable aperçu des revenus des principaux états de l’Europe en 1453. Les précieux renseignemens que ce savant avait puisés dans les archives de la république de Venise, collection immense de trésors statistiques rassemblés depuis le xviiie siècle jusqu’à l’époque de sa chute, et les faits qu’il a pu recueillir lui-même, animé comme il l’était de la plus ardente passion pour cette science, doivent inspirer quelque confiance dans ses estimations. Nos relations d’amitié avec feu le comte Carli, fils du célèbre économiste de ce nom, nous ont procuré l’avantage de remplir les lacunes laissées par Marino Sanudo à l’égard de quelques états. Nous ne dissimulerons pas cependant que plusieurs des estimations du statisticien vénitien et du comte Carli nous paraissent erronées. Malgré ces imperfections, et malgré quelques lacunes, ce tableau n’en est pas moins toujours un des plus précieux documens que possède la statistique. Il offre la mesure des forces et des ressources relatives des principaux états de l’Europe, d’après l’idée que s’en faisait alors un des juges les plus compétens. Lorsqu’on pense aux étonnantes contradictions, aux absurdités même qu’on rencontre dans les ouvrages de notre époque, on doit pardonner à Marino Sanudo les erreurs dans lesquelles il peut être tombé. Les travaux qui nous occupent actuellement ne nous laissent pas le loisir nécessaire pour faire les recherches qu’exigerait leur recti-