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DOCUMENS OFFICIELS.

gouvernement aux yeux duquel la qualité de Belge était un titre de réprobation ; en un mot, la Belgique entière traitée comme une province conquise, comme une colonie ; tout, Messieurs, nécessitait une révolution, la rendait inévitable, et précipitait l’époque.

De si justes griefs, des griefs si réels, devaient aussi en assurer le résultat.

Nous étions insurgés contre le despotisme pour reconquérir nos droits ; nous fûmes traités par la tyrannie comme des rebelles. Nos villes incendiées, les actes les plus barbares exercés jusque sur des vieillards et des femmes, les lois de l’humanité, les droits de la guerre foulés aux pieds, témoignent encore de la férocité de nos ennemis, en faisant bénir la victoire du peuple qui en a purgé notre sol.

Le fruit de cette victoire était l’indépendance. Le peuple l’a déclarée par notre organe. Interprète de ses vœux, le gouvernement provisoire vous a appelés, Messieurs, vous, les hommes choisis par la nation belge, pour constituer cette indépendance et pour la consolider à jamais.

Mais en attendant que vous puissiez venir remplir cette tâche, un centre d’action était nécessaire pour pourvoir aux premiers, aux plus urgens besoins de l’état. Un gouvernement provisoire s’est établi, et il a suppléé temporairement à l’absence de tout pouvoir. La nécessité d’un gouvernement quelconque justifiait sa mission, l’assentiment du peuple confirma son mandat.

Tout était à faire, tout était à créer : il fallait réorganiser l’administration intérieure, le pouvoir judiciaire, les finances, l’armée, et cette garde citoyenne sur laquelle désormais s’appuieront les empires modernes. C’est à vous, Messieurs, c’est à la nation à juger si, avec le peu de moyens qui étaient à notre disposition, nous avons réussi à préparer pour la Belgique un avenir de force et de prospérité.

Nos actes, vous les connaissez, Messieurs, et la nation, nous osons l’espérer, les a ratifiés. L’impôt odieux de l’abattage aboli ; une entière publicité rendue aux procédures