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ÎLE DE CUBA.

frage général du dîner. Le soir, vous cherchez à combattre l’humidité et le froid en attisant le feu ; mais le bois est imbibé d’eau, une fumée épaisse remplit la chambre, le capitaine se réfugie sur le pont, il est morose, querelle l’équipage ; les matelots, mouillés jusqu’aux os, sont récalcitrans, et font le service à contre-cœur. Epuisé de fatigue, vous vous jetez sur votre matelas, et trouvez enfin un peu de repos.

Mais un beau matin la scène change, le vent est favorable, toutes les voiles sont dehors, le vaisseau fait dix milles à l’heure. Vous montez sur le pont, le capitaine et ses gens vous saluent avec aménité, chacun s’occupe gaîment de sa besogne. Vous êtes maintenant porté bien avant dans le golfe, le courant vous seconde ; pour la première fois depuis votre départ, vous vous apercevez que vous avez changé de latitude. L’air est pur, d’une douceur caressante, le soleil paraît sur un horizon clair, et l’atmosphère orientale présente l’aspect d’une mer resplendissante de mille feux. Dans plusieurs directions, vous découvrez au loin de petits points d’une blancheur éclatante ; ce sont autant de voiles qu’on signale, et qui vous rappellent que vous vous trouvez encore dans des régions habitées par vos semblables.

Tels sont, en partie du moins, les incidens qu’on est certain de rencontrer en un pareil voyage. Ils seront variés à l’infini pendant chaque traversée ; pour les décrire tous, il faudrait des volumes, et en continuant comme nous avons