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VOYAGES.

geur ; c’est une race indestructible d’aborigènes qui maraudent sur toutes les plantations, et font une guerre permanente aux propriétaires.

» En approchant d’une plantation (la Carolina), dans le voisinage de Matanzas, j’aperçus pour la première fois un des plus grands et des plus beaux objets que l’exubérance de la nature produise dans ces fortunés climats, le cotonnier. Cet arbre n’est pas rare ; sur chaque plantation, on en cultive quelques-uns pour l’embellissement des sites, car il n’est d’aucun usage pour l’homme, ne pouvant servir ni de charpente ni de combustible. J’oublie cependant de dire que le coton grossier qu’il fournit en petite quantité peut à la rigueur tenir lieu de bourre à un coussin ou à un matelas, et s’emploie parfois à cet objet. Un de ces arbres, sur la plantation de Santa-Anna, s’élançait vers les nuages à plus de cent pieds d’élévation, dont soixante-cinq, selon une mesure exacte, formaient un cylindre parfait, lisse et sans nœuds quelconques. À six pieds du sol, l’arbre avait vingt-sept pieds et demi de circonférence, et à sa base, où le tronc grossit dans la direction de ses principales veines, le géant, qui semblait avoir redoublé de force pour mieux résister aux tempêtes, mesurait quarante-six pieds et demi. En ne considérant que la tige avec sa surface blanche et unie, elle exciterait à elle seule l’admiration ; mais à la hauteur mentionnée ci-dessus saillissent horizontalement et avec symétrie des branches grosses comme des poutres, qui forment un énorme bou-