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LA GRÈCE EN 1829.

sante pour faire le bien, et il exigea, comme condition de son acceptation, que tous les pouvoirs lui fussent remis, au moins pendant les premiers momens, et jusqu’à ce que de nouvelles assemblées nationales eussent statué définitivement sur la forme à donner au gouvernement, qui jusqu’alors n’était que provisoire. Le comte Capo d’Istria avait vieilli dans les fonctions les plus élevées de la diplomatie, et la carrière qu’il avait remplie était assez brillante ; une longue expérience avait assez mûri ses idées pour qu’il ne fût point accessible aux illusions qui égarent trop souvent de jeunes têtes. Il avait une grande réputation à conserver, et certes il n’est pas permis de croire que le vain titre de président de la Grèce eût séduit son ambition, s’il n’avait pas cru pouvoir y faire des choses utiles. Il ne devait pas ignorer tous les obstacles qu’il allait rencontrer, les fatigues et les dégoûts dont il serait abreuvé ; mais il voyait une nation à fonder, son nom à attacher à une des grandes pages de l’histoire : il s’est cru assez fort pour se charger de cette immense entreprise, et certes il lui a fallu du courage pour abandonner une vie douce et brillante, le fruit des fatigues de toute sa carrière, et se lancer de nouveau au sein des orages, quitter l’Europe et sa haute civilisation, et se mêler parmi des barbares pour les sauver en dépit d’eux-mêmes. À peine était-il en Grèce, qu’il put mesurer les difficultés énormes qu’il avait devant lui ; la plus grande était sans doute la présence de ces primats dont j’ai dépeint l’immoralité. Il trouvait ces hommes