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LA GRÈCE EN 1829.

frontière étendue, et la paix sera facile à conserver. Avec d’autres limites, au contraire, les puissances ne peuvent plus donner la même garantie à la Grèce, parce qu’elles ne peuvent couvrir de leur égide toutes les provocations qui viendraient du côté des Grecs, et interdire aux Turcs les représailles. Que si, par la suite, cette protection des puissances vient à être suspendue, si les Grecs restent livrés à eux-mêmes, leurs lignes seront bien autrement inexpugnables lorsqu’ils n’auront que l’isthme à défendre, que lorsqu’il faudra se garder à la fois sur une frontière de cinquante lieues au moins de longueur. À cela on répondra, la carte à la main, que l’augmentation de territoire qu’ils trouveront à ces nouvelles limites accroîtra considérablement leurs forces, et en fera une puissance bien capable de se défendre. Si on croit connaître un pays pour en avoir vu la carte, à coup sûr ce raisonnement paraîtra spécieux ; mais si l’on veut bien se souvenir que la nature est infiniment plus variable que le dessin, qu’elle offre à chaque pas des dissemblances qui ne permettent de la juger que quand on l’a vue elle-même, on aura recours à d’autres données que celles de la carte pour fonder un état et constituer une nation.

Le pays compris entre la chaîne de l’Othrix et l’isthme de Corinthe est presque entièrement rempli par de grandes montagnes dont les vallées seules ont quelques habitans ; toutes celles qui se rattachent au Parnasse, le littoral du golfe de Lépante et de la mer Ionienne, offrent à peine de