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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

misérables hameaux. Le bassin de Livadie est le seul qui soit cultivé ; encore la population y est-elle plutôt turque que grecque. La vallée de l’Aspropotamos est presque inculte comme toute la Grèce occidentale ; il ne reste que l’Attique qui ait vraiment de la valeur, mais cette malheureuse province a été tant de fois ravagée, que la population y est réduite à 12 ou 15,000 âmes. Je regrette de ne pouvoir dire avec précision à combien elle se monte pour la totalité du pays dont il est ici question ; j’ai de bonnes raisons de croire qu’en la portant à 50,000 âmes, on lui fait une large part. J’ai déjà dit comment se compose cette population, et le parti qu’on peut espérer de tirer des Grecs des montagnes. Voilà donc à quoi se réduit cette possession si disputée, qui occupe aujourd’hui toute la diplomatie européenne, pour laquelle les Grecs s’efforcent de nous armer et courent eux-mêmes en aveugles au-devant de leur ruine. Elle leur ôterait certainement en force beaucoup plus qu’elle ne leur donnerait en étendue. Je comprends que ses habitans ne se contenteront guère de cette raison ; quelles qu’en puissent être les conséquences, qu’ils ne prévoient pas, ils appelleront toujours de leurs vœux leur affranchissement[1]. Mais je raisonne ici dans l’intérêt de la masse, et quand il me semble que l’intérêt bien

  1. On sait maintenant que les puissances ont adopté, à peu de différence près, la ligne des limites, contre laquelle l’auteur de cet article s’élève avec tant de raison. (Voyez le protocole de Londres cité p. 132)

    (Note du D.)